Au hasard de mes périgrinations sur le net ...
Voici un article du Nouvel Obs :
sur le chat "qui ne sert à rien, mais qui nous est indispensable"
Comme la philosophie.
A quoi sert le chat ?
par Frédéric Vitoux
"Tous les animaux parlent, excepté le perroquet qui parle », écrivait Jules Renard.
Des langages animaliers, celui du chat demeure le plus mystérieux, le plus hiéroglyphique, dira-t-on volontiers, tant le chat et l'Égypte ont appris à faire bon ménage il y a quelquesmilliers d'années.
Est-ce pour cela que l'on se noie si volontiers dans l'énigme de son regard ? On dialogue avec un chien. On capte le sonar des dauphins. Le cheval répond à son cavalier.
Mais le chat ? Il ne répond pas. II ne se dresse pas. Il ne fait pas le beau, il est beau, cela lui suffit. En bref, il est aux abonnés absents. Inutile de lui laisser un message. Il s'en moque.
La tentation est donc grande de faire parler les chats, de se rattraper en somme de cette frustrationou de ce vertige éprouvés face à eux. Bien des poètes et des écrivains'y sont risqués, les malheureux !
Citons pour le plaisir un livre, un seul, un chef-d'oeuvre, «le Chat Murr », d'E.T.A. Hoffmann, puis fermons la parenthèse... et ouvrons-nous aux mystères du chat !
Il est l'animal domestique par excellence, c'est-à-dire le seul qui ait réussi à domestiquer l'homme et non le contraire, et d'un autre côté il incarne la vie sauvage à l'état pur. Ce qu'a si joliment souligné Alexandre Vialatte, disant de lui : « Dieu l'a fait dans Sa grande bonté pour que l'homme puisse caresser le tigre. » II est le symbole du confort,de la placidité obstinée, de la somnolence philosophique. Mais, plus vif que l'éclair, que la passion, que le caprice, il bondi soudain, il est là, il n'est plus là, il bascule dans une autre dimension spatio-temporelle, c'est un animal de science-fiction.
Pour un écrivain, il sert de presse-papiers, de correcteur ou de censeur. Aussi sec, il le laisse en plan, et bonsoir ! Il incarne précisément tout ce qu'un romancier ne pourrait jamais capturer. En un mot, il est un professeur d'humilité Mais arrêtons là !
On a compris que le chat, qui ne sert rien, nous est par cela même indispensable".
LE NOUVEL OBSERVATEUR